La chanson française, c’est un univers parallèle où l’on peut être à la fois poète, plombier et révolutionnaire en moins de trois couplets. On y trouve des métaphores incompréhensibles (“je t’aime comme un sandwich au désespoir”), des refrains qui collent à la peau comme un sparadrap humide, et des chanteurs qui semblent avoir inventé la rime rien que pour caser le mot “chaussette”.
Et puis, il y a Kent. Lui n’a pas dit “je suis une île”, ni “je suis un arbre”, non. Il a dit : Je suis un kilomètre. Là, on dépasse la poésie, on entre dans la géométrie existentielle. Imaginez-vous, debout, fier, mesurant exactement 1000 mètres de long, bloquant trois ronds-points et obligeant les bus à faire demi-tour. Quelle plus belle métaphore de la grandeur humaine ?
Au fond, la chanson française, c’est ça : chanter qu’on est un kilomètre, mais finir par se sentir l’équivalent d’un périphérique aux heures de pointe. Et c’est merveilleux, parce qu’on rit, on pleure, et parfois, on fait les deux en même temps… comme si un accordéon nous chatouillait les orteils.